Altérités lusophones à travers les manuels de portugais langue non maternelle. Focus sur le Brésil, le Portugal et les PALOP (1975-1996)
Abstract
Neste artigo 45 manuais de português língua não materna servem como corpus para estudar a alteridade linguística na lusofonia. Os livros foram editados no Brasil, em Portugal e nos PALOP (Angola, Cabo Verde, Guiné-Bissau, Moçambique e São Tomé e Príncipe) entre 1975, ano das independências africanas em relação a Portugal, e 1996, ano de criação da Comunidade dos Países de Língua Portuguesa. As análises revelam posturas diferentes dependendo do polo lusófono considerado. Os manuais brasileiros demonstram particularismo linguístico, autocentração e falta de familiaridade com a lusofonia. Nos manuais portugueses predominam representações universalistas, relativizando a variação linguística e essencializando a relação entre a língua e os territórios. Nos manuais africanos, uma presença (demasiado) frequente da lusofonia pode ser a origem dos numerosos mecanismos discursivos utilizados no corpo do texto para dissimulá-la. Esses discursos revelam a desvalorização e o relacionamento conflituoso das formas culturais africanas em relação à língua do antigo colonizador.
Résumé
45 manuels de portugais langue non maternelle servent de corpus pour étudier l’altérité linguistique dans la lusophonie. Les ouvrages ont été édités au Brésil, au Portugal et aux PALOP (Angola, Cap-Vert, Guinée-Bissao, Mozambique et São Tomé-et-Principe) entre 1975, année des indépendances africaines vis-à-vis du Portugal, et 1996, année de création de la Communauté des Pays de Langue Portugaise. Les analyses révèlent des postures distinctes en fonction du pôle lusophone considéré. Les manuels brésiliens font preuve de particularisme, autocentration et ignorance de la lusophonie. Dans les manuels portugais priment les représentations universalistes, nuançant la variation linguistique et essentialisant le rapport entre la langue et les territoires. Dans les manuels africains, une présence (trop) fréquente de la lusophonie pourrait être à l’origine des nombreux mécanismes discursifs utilisés dans le corps du texte pour la dissimuler. Ces discours mettent au jour la dévalorisation et le rapport conflictuel des formes culturelles africaines par rapport à la langue de l’ancien colonisateur.
Texte intégral
Je propose dans cet article une exploration de l’altérité linguistique qui relie les trois grands pôles de la lusophonie – un pôle américain (le Brésil), un pôle européen (le Portugal) et un pôle africain (les républiques d’Angola, du Cap-Vert, de la Guinée-Bissao, du Mozambique et de São Tomé-et-Principe) – où l’accent est mis sur les mouvements de rapprochement et d’éloignement de l’autre à travers les représentations de la langue portugaise. Dans quelle mesure – et par le biais de quels dispositifs – présente-t-on les différentes variétés du portugais dans le monde comme semblables, de sorte que le même et les autres forment un nous (un seul groupe utilisant une seule langue) ? Dans quelle mesure différencie-t-on les formes de la langue, et les autres sont-ils repoussés vers le domaine du eux (des locuteurs d’une autre variété du portugais, d’une autre langue…) ?
Figure 1. La lusophonie en trois pôles
Cette étude a comme matière première 111 extraits tirés d’un corpus de 45 manuels de portugais langue non maternelle (PLNM) publiés entre 1975, année de libération des dernières colonies africaines de l’Empire colonial portugais, et 1996, année de la création de la Communauté des Pays de Langue Portugaise (CPLP). Il s’agit de séquences didactiques qui traitent des particularités de la langue portugaise telle qu’elle est parlée dans un autre pôle de la lusophonie que celui où le manuel a été publié (de l’accent de Lisbonne dans un manuel brésilien, des expressions idiomatiques brésiliennes dans un manuel mozambicain…). Il s’agit aussi des séquences qui contiennent des documents d’origine lusophone (un reportage brésilien dans un manuel portugais, une chanson portugaise dans un manuel angolais…). Ce corpus est le produit d’un travail extensif de recherches dans des archives, réalisé dans le cadre d’une thèse sur les configurations 1 et les représentations 2 sociales lusophones, où plus de 400 manuels ont été catalogués 3 . L’échantillon final – opéré de manière à préserver la variété de contextes et d’élaborateurs – est composé de 15 manuels de Portugais d’Afrique Langue Seconde (désormais PALS), de 15 de Portugais Européen Langue Étrangère (désormais PELE) et 15 de Portugais du Brésil Langue Étrangère (désormais PBLE).
Les manuels cités sont référencés ici par un système de cotation rendant visibles au lecteur leurs informations contextuelles essentielles. Les informations complètes figurent dans la bibliographie.
Figure 2. Comment lire une cote
Je présenterai tout d’abord quelques points de repère sur la lusophonie dans la période considérée pour ensuite déboucher sur des considérations conceptuelles d’ordre général sur l’altérité. Le corpus sera ensuite analysé qualitativement et quantitativement de sorte à faire apparaître les différentes formes d’altérité lusophone.
La langue portugaise et sa promotion dans le monde lusophone (1975-1996). Points de repère
Dans le dernier quart du XXe siècle, le portugais est parlé en tant que langue maternelle par quasiment toute la population du Brésil et du Portugal, où il sert de langue d’administration et de scolarisation. Les standards brésilien et portugais ont vécu une longue histoire de normalisation divergente. Autrement dit, la norme du bon usage est loin d’être la même aujourd’hui dans ces deux pays. Cela a conduit la langue à avoir deux dictionnaires, deux vocabulaires orthographiques (conventions sur l’orthographe, mais aussi sur la flexion et la nature des mots…), deux nomenclatures grammaticales, deux organismes de promotion de la langue portugaise dans le monde et deux Académies 4 .
Les configurations sociales où s’insèrent les manuels promouvant ces deux variétés du portugais diffèrent remarquablement entre elles. La configuration du PELE est largement axée sur l’enseignement-apprentissage du portugais à l’étranger, que ce soit en matière d’enseignement scolaire ou universitaire. La collaboration intense entre des institutions de différente nature et les actions de l’État portugais visant à diffuser la langue dans le monde sont deux phénomènes qui se renforcent mutuellement. La configuration des manuels de PBLE, atteste, au contraire, d’une action non institutionnelle centrée sur le territoire brésilien 5 .
En plus de la cohabitation du portugais avec d’autres langues nationales, les Pays Africains de Langue Officielle Portugaise (désormais PALOP) partagent de nombreuses problématiques sociolinguistiques. L’absence, après les indépendances, d’outils de grammatisation – c’est-à-dire de dictionnaires et de grammaires définissant les contours d’une langue imaginée – produits dans le continent africain les rapproche. Au dernier quart du XXe siècle, les formes africaines du portugais suivent avec plus ou moins de fidélité le standard européen 6 . Il faut également considérer la disjonction entre les statuts légaux de la langue et son appropriation par les populations locales. Or, le portugais est choisi comme langue de scolarisation et d’administration, alors qu’à cette époque, il est parlé en tant que langue maternelle par la population à hauteur de 40 % à São Tomé et Principe 7 , de 26 % en Angola 8 , de 5 % au Mozambique 9 et moins de 1 % au Cap-Vert et en Guinée-Bissao 10 . Quand des langues créoles n’assument pas le rôle de langue véhiculaire (c’est le cas des créoles capverdien et bissaoguinéen), la langue portugaise peut avoir cette fonction.
L’absence de ressources pour la promotion du portugais dans les PALOP après les conflits coloniaux 11 est l’un des facteurs qui rendent la configuration sociale des manuels de PALS profondément transfrontalière. Les projets d’élaboration de manuels scolaires, commandités par les ministères de l’Éducation africains, mobilisent des ressources humaines, techniques et financières du bloc communiste, d’organisations multilatérales (UNESCO, Banque Mondiale…) ou encore d’institutions portugaises et brésiliennes.
Et si la participation des Brésiliens et des Portugais dans l’élaboration des manuels pour les PALOP est en soi un phénomène propice pour étudier les interdépendances lusophones, le fait que ces ouvrages, ainsi que ceux utilisés pour l’enseignement des variétés européenne et brésilienne du portugais contiennent des discours où les trois pôles de la lusophonie se représentent les uns les autres est une bonne porte d’entrée vers l’altérité lusophone.
L’altérité dans les manuels de PLNM. Cadre conceptuel et d’analyse
Il s’avère important de distinguer l’altérité – qui relève des économies affective, psychique et pulsionnelle de l’homme 12 – et l’autre – un objet du monde qui sert d’ancrage à ces économies. L’altérité telle que je la comprends ici est la posture adoptée par l’homme face aux autres. C’est l’estime qu’il leur porte, ce sont les groupes ou il les classe, c’est la distance qu’il imagine entre eux, c’est également le rôle que les autres jouent dans sa propre mémoire et dans ses propres espoirs. L’altérité est moins le résultat des attributs effectifs des autres que de phénomènes psychosociaux. Le fait d’apprécier ou non une personne, un accent ou une manifestation culturelle, est moins lié à une expérience sensorielle du sujet qu’aux catégories sociales en vogue, par exemple. Le fait d’être considéré comme différent constitue une assignation lors de processus représentationnels. Un même trait peut être utilisé pour classer quelqu’un dans un groupe et être considéré comme exceptionnel (ou même passer inaperçu) sur quelqu’un d’autre. En effet, les représentations sociales, définies à la fois comme une connaissance de l’homme sur le monde et une prise de position de l’homme dans le monde 13 , occupent une place centrale dans les problématiques liées à l’altérité justement parce qu’elles relèvent d’une historicité donnée. Elles sont intimement liées aux représentations qu’ont les hommes de la place qu’ils occupent dans le temps historique 14 . Les différents pôles de la lusophonie, par exemple, s’éloignent et se rapprochent mutuellement au sein de dynamiques affectives et sociales complexes propres à la mondialisation, à l’historicité moderne, à la décolonisation… En guise d’exemples, une des premières apparitions de l’expression « langue brésilienne » dans le titre d’un ouvrage au Brésil en 1832 témoigne moins d’un éloignement entre les normes brésiliennes et portugaises que du sentiment anti-lusitanien qui se répand au Brésil après l’abdication et le retour au Portugal du premier empereur brésilien 15 . De même, les efforts visant à unifier l’orthographe de la langue portugaise dans les années 1990 ne sauraient être le résultat de rapprochements entre les différentes variétés du portugais autour du monde. C’est dans une dynamique de valorisation de la langue portugaise au sein du marché des langues, lors du processus de mondialisation linguistique, que l’on trouve les outils pour comprendre ces politiques de la langue.
La dimension de l’altérité priorisée dans cet article concerne le degré de xénité 16 (ou, si l’on veut, de distance, d’extériorité) que l’on peut attribuer à l’autre : dans quelle mesure l’autre, selon moi, me ressemble-t-il ? Il s’agit d’un continuum qui s’étend entre une identification profonde avec l’autre et une distinction totale de l’autre. D’un côté de ce spectre, je le considère comme un autrui (je l’interprète à partir de ce qui nous rapproche – c’est mon concitoyen, mon frère en la foi…), de l’autre côté, je le perçois comme un alter (je l’interprète à partir de ce qui nous distingue – l’étranger, quelqu’un de l’autre sexe, d’une autre orientation politique…). Étant donné que la langue portugaise est, a priori, le dénominateur commun principal de ce groupe désigné sous le nom de lusophonie, l’étude de l’altérité linguistique ici signifie se demander si les différentes variétés de cette langue sont perçues suffisamment comme similaires pour que l’on interprète, ou non, les uns les autres comme appartenant à un même ensemble (les lusophones).
Chaque discours construit un rapport spécifique aux langues. Savoir si une forme de langue est autre (une autre langue, un autre accent, un autre dialecte…) ou non « dépend moins de son étrangeté réelle que d’un travail gradué de différenciation. Ce travail est opéré par chaque texte au moyen de dispositifs discursifs qui y tracent des lignes de partage spécifiques » 17 . Le rapport d’un discours donné aux langues – leur usage ou leur absence, ainsi que leur distinction et leur non-distinction, ou encore les distances entre elles – relève d’une mise en scène. Le portugais du Brésil et le portugais du Portugal sont-ils une seule et même langue ? Quant aux mots dits étrangers, où une langue termine-t-elle et où commence l’autre ? Ce sont quelques questions qui illustrent le fait que le rapport aux langues ne saurait être donné.
Les évocations du portugais dans la lusophonie. Universel à l’Est, particulier à l’Ouest
En ce qui concerne les manuels de PLNM, les analyses quantitatives suggèrent que le rapport à la langue portugaise dans la lusophonie s’exprime différemment de chaque côté de l’Atlantique. Alors que les manuels européens et africains présentent le portugais comme une seule et unique langue dans le monde, le corpus brésilien s’efforce de différencier le portugais tel qu’il est parlé au Brésil du portugais tel qu’il est parlé ailleurs.
C’est ce qui émerge de la comptabilisation des mentions de la variation linguistique diatopique 18 – c’est-à-dire la diversification des pratiques linguistiques en fonction de l’espace géographique – dans les 39 extraits du corpus qui traitent de questions linguistiques dans la lusophonie. Ce sont, par exemple, les séquences expliquant la formation du présent continu (avec le gérondif) au Brésil et (avec l’infinitif) au Portugal 19 , rappelant que l’orthographe diffère selon les pays de la lusophonie 20 , évoquant, en somme, les différences (de lexique, de prononciation, de syntaxe…) entre les normes d’usage dans la lusophonie.
Alors que dans les manuels européens et africains la variation est traitée respectivement à hauteur de 28 % et de 20 %, dans les manuels brésiliens ces mentions (à hauteur de 69 %) sont majoritaires :
Figure 3. Aspects de la langue traités dans les extraits sur la lusophonie
Ce graphique atteste de l’hétérogénéité thématique des extraits. Ils peuvent se borner à mentionner le fait que la langue portugaise est parlée dans d’autres régions du monde sans développement supplémentaire (extraits codés comme « mentions simples ») ou, au contraire, traiter des différents aspects de la langue portugaise dans le monde, comme son histoire, ses locuteurs (nombre, localisation…), ses politiques (statuts, actions collectives…) ses rapports avec d’autres langues ou, au bout du compte, la variation linguistique (différents accents, jargons, usages de la langue en fonction du groupe social…).
Les mentions de la variation linguistique sont importantes dans le cadre de l’étude des problématiques de l’altérité, car, dès qu’il y a une allusion à la diversité de variétés du portugais dans le monde, les « autres » de l’intérieur deviennent reconnaissables. Une distinction claire est posée dans le domaine de la langue, entre les lusophones. L’évocation de la variation rend l’hétérogénéité linguistique visible, et l’hétérogénéité linguistique affirme, à son tour, la différence (et donc un certain éloignement) vis-à-vis d’un autre, un autre qui ne vit pas seulement ailleurs, mais qui parle autrement. Ainsi, les confrontations des formes d’orthographe et des formations du présent continu – ou encore un simple propos, trouvé dans un manuel scolaire du corpus, tel que « tous les enfants l’ont trouvé très amusant, car le garçon qui a lu le texte parlait un portugais différent de celui auquel ils étaient habitués » 21 – créent des frontières à l’intérieur de ce qu’on appelle le portugais.
À l’inverse, ce que j’ai appelé « mention simple » se place dans une logique non de la différenciation, mais du rapprochement. Quand un exercice rappelle que « Le Portugal et le Brésil parlent la même langue » 22 , l’autre n’est finalement pas aussi différent que l’on pourrait croire. L’idée d’une homogénéité linguistique, d’une langue unique, intercompréhensible et avec des formes interchangeables est également sous-entendue dans les nombreuses évocations à l’histoire de « la langue portugaise », des statuts de « la langue portugaise », des locuteurs de « la langue portugaise »… « À partir du moment où une langue a un nom, elle devient objet homogène, non plus un ensemble dans un diasystème, mais objet de politique linguistique, d’éducation, enjeu de la constitution d’un État-nation » 23 . Quand un manuel met en avant une carte intitulée « Le portugais dans le monde » 24 , on y retrouve le « doublet pervers » propre au couplet unité/uniformité : « car l’un attire immédiatement l’autre et ils se retrouvent étroitement liés » 25 . Ce sont autant de mécanismes qui montrent qu’en dehors des frontières, il y a un autre comme moi, alors que les mentions de la variation montrent que dans la lusophonie il y a diversité.
Les statistiques, concernant tout type de mention explicite de la langue portugaise, permettent donc de distinguer deux postures générales face à la langue portugaise dans le monde, un universalisme à l’Est de l’Atlantique et le particularisme à l’Ouest. Mais qu’en est-il des apparitions concrètes de ces formes autres de la langue portugaise dans les manuels ? Il n’est pas rare qu’un manuel contienne des échantillons du portugais des étrangers : ils s’actualisent, par exemple, sous la forme de poèmes, reportages, publicités et chansons originaires d’autres pays lusophones qui sont transcrits dans les ouvrages.
Les textes lusophones dans les manuels. Autocentration, pluricontinentalité, omission
La comptabilisation des documents originaires de la lusophonie révèle que les manuels de PBLE sont particulièrement autocentrés. C’est ce que porte à croire le nombre infime (4) de textes lusophones extra-brésiliens dans ces ouvrages. À l’opposé, les manuels de PALS, avec leurs 46 textes extra-africains, sont les plus ouverts aux échantillons de langues venues d’ailleurs :
Figure 4. Textes originaires d’autres pôles de la lusophonie
Un travail statistique sur l’élucidation ou non de l’étrangéité de ces textes nous mène à mieux distinguer les formes d’universalisme des manuels européens et africains. Elle se manifeste, dans les premiers, par le biais de l’explicitation de la lusophonie ; dans les derniers, par son omission. À ce titre, pour chaque document, deux questions ont été posées : est-il présenté comme originaire de l’espace lusophone ? Est-il présenté comme une autre forme de portugais ?
D’une part, quand une voix autre émerge dans les manuels européens, le discours organisateur a tendance à l’assigner à l’espace lusophone (74 % des séquences). Cela peut se faire par l’ajout d’un signe qui renvoie à la réalité étrangère (un titre, une photographie, un drapeau…), la présence d’informations contextuelles (auteur, date, lieu d’édition…) ou encore la présentation d’une biographie de l’auteur du document. La séquence didactique ci-dessous, tirée d’un manuel européen 26 , non seulement fait suivre les textes d’une image du pays lusophone en question, mais peut aller jusqu’à remplacer le titre des poèmes par le nom (relevé en gras) des pays.
Figure 5. Explicitation de la lusophonie dans un manuel européen
D’autre part, parmi ces extraits, seulement 6 % présentent le texte exogène comme relevant d’une autre forme de la langue portugaise. La marcation de l’altérité linguistique peut se produire à travers une étiquette indiquant « portugais du Brésil » ou « portugais d’Afrique », ainsi que des exercices de sensibilisation aux différences syntaxiques et lexicales. Ce sont des manières d’attirer l’attention de l’apprenant sur la non-correspondance de la variété linguistique du document en question avec celle majoritairement traitée dans l’ouvrage.
Les manuels africains, ayant la même tendance à passer sous silence le fait que ces textes sont des spécimens d’une autre variété linguistique (aucun extrait sur 47), ont ceci de particulier qu’ils les assignent très peu à l’espace lusophone (35 % des séquences).
Figure 6. Traitement des textes lusophones dans les manuels
La désignation ou non de l’étrangéité d’un texte est importante pour la compréhension de l’altérité linguistique car toute forme montrée de la présence de l’autre dans l’énoncé sert à indiquer que, mis à part ces incursions ponctuelles, le discours reste homogène. Ces « éléments de la représentation – fantasmatique – que le locuteur (se) donne de son énonciation », ce « mécanisme de la distance dite, explicitée par le locuteur à l’égard d’une partie de son discours » 27 , délimitent les frontières entre cet autre et le moi imaginé ou fantasmé.
Ainsi, l’uniformité du portugais, telle qu’elle est représentée dans le corpus européen, se voit accentuée par la présence marquée de l’étrangéité des textes. Quand une voix autre émerge, le discours organisateur des manuels rend explicite et met en avant la lusophonie, ses pays, ses locuteurs, ses littératures… L’affirmation de la pluricontinentalité de la langue renforce celle de l’unité de la langue (et vice versa).
À l’opposé, dans les manuels africains, le portugais n’est représenté comme une seule et unique langue que parce que les échantillons de langue lusophones se fondent dans la masse. La supposée ouverture de ces manuels à la lusophonie est ambivalente : ils ont beau lui donner davantage la parole, les apprenant·e·s auront affaire à la lusophonie à leur insu. Dans cette séquence tirée d’un manuel capverdien (figure 7) 28 , par exemple, on ne signifie nulle part l’origine brésilienne de l’auteur (Vinicius de Moraes) et de l’autrice (Cecilia Meireles). L’image qui les accompagne – plutôt que de renvoyer à des réalités exotiques, comme observé dans le manuel européen présenté plus haut (figure 6) – illustre le contenu du poème.
Figure 7. Omission de l’origine lusophone des textes dans un manuel capverdien
Les textes d’origine lusophone dans le corpus africain ont ceci d’intéressant qu’ils ne servent pas seulement à exemplifier la langue ou la culture. On y trouve également des textes analytiques 29 , dans le sens où ils servent à expliciter le fonctionnement, les causalités et les spécificités des structures. À ce titre, des extraits de dictionnaires, d’encyclopédies, de textes de référence en didactique et de la littérature scolaire y sont présents 30 . La présence de ces textes est un phénomène non négligeable car elle laisse entendre l’absence, dans les espaces nationaux africains, d’instances légitimes de légitimation 31 (des linguistes et des grammairiens, ainsi que des universités et des académies, ou encore les prix littéraires…), tout comme l’absence d’outils de grammatisation (dictionnaires, manuels scolaires…) qui serviront de discours d’autorité sur la langue. En effet, les canons littéraires, les textes officiels et les instances (personnes ou institutions) considérées comme légitimes pour légitimer, à leur tour, les formes africaines de la langue portugaise ne se matérialisent pas spontanément le lendemain des indépendances.
L’omission de l’origine des textes littéraires et l’exploitation décontextualisée des discours d’autorité étrangers pourraient, en ce sens, être une stratégie de valorisation de l’espace national, car ils ne sauraient cohabiter facilement avec la posture décoloniale adoptée dans de nombreux manuels africains.
Comprise dans son sens large, une prise de position décoloniale signifie une démarche de résistance à une domination non seulement institutionnelle (ce qui se traduit dans une lutte vers la souveraineté politique, économique, technologique des sociétés colonisées), mais aussi psychologique et existentielle (déconstruction des structures de pensée destructrices de la psyché et de la puissance transcendante chez les populations colonisées) 32 , ou encore épistémologique (valorisation des connaissances endogènes) 33 . Pour en donner quelques exemples, dans les manuels commandités par le parti d’orientation marxiste-léniniste au pouvoir en Angola après l’indépendance (le MPLA – Movimento Pela Libertação de Angola) 34 , l’ancien colon portugais occupe un rôle précis dans l’historicité du pays. Présentés un peu partout comme antagonistes, dans des transcriptions de discours d’hommes politiques et d’œuvres d’auteurs affiliés au Parti, le Portugal colonial et le monde capitaliste se manifestent comme une étape moins avancée du progrès des civilisations, une étape qui devra être surmontée par le socialisme. De même, les manuels conçus en collaboration entre les ministères de l’Éducation africains et l’éducateur brésilien Paulo Freire (1921-1977) 35 restent fidèles à la « Pédagogie des Opprimés » 36 , visant à la construction d’une société sans oppression. Le principe premier sous lequel cette pédagogie est élaborée – une méthode éducative émanant de la réalité des élèves – se traduit dans le choix même des mots qui serviront pour l’apprentissage de l’alphabet. Même les manuels qui sont le résultat de la collaboration entre les ministères africains et l’institution portugaise Fundacao Calouste Gulbenkian 37 pourraient être considérés « décoloniaux » tout au moins en matière de sélection des textes. Le directeur des collections, Aldónio Gomes (1926-2011), est reconnu pour sa recherche extensive sur les littératures africaines tout le long de sa carrière 38 . Au vu de ces orientations générales constatées dans les différentes collections africaines, on comprend mieux pourquoi l’excès de textes étrangers devient inopportun.
On ne saurait, par ailleurs, passer sous silence le fait que l’omission de la lusophonie dans les manuels africains ne se résume pas à la non-désignation de l’origine étrangère des textes incorporés dans les ouvrages. De nombreux manuels accordent une place réduite, allant parfois jusqu’à effacer les traces des auteurs, éditeurs et imprimeurs – brésiliens et portugais – impliqués dans leur élaboration 39 . La participation des étrangers dans l’élaboration de ces manuels a souvent été dévoilée non pas pendant l’étape de dépouillement d’archives (prélèvement des informations indiquées dans les ouvrages) mais lors des recherches supplémentaires sur le corpus.
Grâce à l’analyse quantitative des corpus, certaines correspondances entre l’économie affective et l’économie sociale lusophones deviennent évidentes :
- L’absence de contextualisation des textes exogènes dans les manuels africains est analogue à l’omission de la présence étrangère dans les mentions de responsabilité. Toutes les deux témoignent d’une dépendance (symbolique et matérielle) de l’étranger lors de la période postindépendance.
- L’autocentration des manuels brésiliens, où l’on focalise les différentes variétés brésiliennes plutôt que celles du monde lusophone, diffère peu de celle dont fait preuve leur configuration sociale. Celle-ci, bien qu’elle vise la diffusion du portugais aux étrangers, est orientée fondamentalement vers l’enseignement dans l’espace national.
- L’universalisme des manuels européens, au bout du compte, est un phénomène cohérent avec leur configuration sociale (tournée vers l’enseignement à l’étranger) et la situation sociolinguistique du portugais du Portugal (langue minoritaire en lusophonie ainsi qu’en Union européenne). La représentation d’une langue, véhiculaire, qui s’étend uniformément sur plusieurs continents est une stratégie efficace pour en faire la publicité.
Analyse qualitative des mentions de l’autre. Unité, ignorance, rapports de force
Concluons cet article sur une analyse qualitative de quelques extraits significatifs. Elle donnera du corps aux dynamiques lusophones tout en illustrant les spécificités des trois corpus.
L’universalisme remarqué dans les manuels européens est, notamment, renforcé par la mobilisation fréquente de données démographiques relatives aux locuteurs, d’une sémantique des liens familiaux, d’images qui essentialisent et uniformisent les formes culturelles, ou encore d’atténuations des différence linguistiques. Ce sont autant de mécanismes qui renforcent une représentation « intégrée » entre le Portugal et les autres pôles de la lusophonie.
Figure 8. Image dans un manuel européen
Prenons comme exemple le texte pédagogique « Le Brésil est mon frère » 40 , qui suit une image de deux garçons portant les couleurs des drapeaux brésilien et portugais. Outre qu’il atténue la différence linguistique à l’aide d’une locution adverbiale – « mon frère (…) parle un portugais un peu différent » – le texte la relativise à travers d’autres formes de rapprochement, comme l’affect et les liens de sang : « j’aime beaucoup ce parler. (…) Est-ce mal d’aimer ses frères et sœurs ? ». Bien qu’il soit question, a priori, d’un rapport fraternel, les renvois à l’histoire coloniale suggèrent plutôt une relation de filiation. Le Portugal « découvre », « cultive », « donne un nom » et « donne la parole » à ce prétendu frère « qui est aujourd’hui un respectable pays, autonome depuis plus de 150 ans ». On voit ici que l’usage de formules telles que « nations sœurs », « peuples frères », « la grande famille » ne se limite pas qu’au sommet des organisations internationales multilatérales. Dans tous les cas, c’est sur la non-fragmentation, sur l’adhésion au groupe imposée aux membres par des éléments fondamentaux et sur l’idée d’une relation qui va de soi que cette rhétorique est construite 41 .
Cet extrait illustre, par ailleurs, un autre poncif du discours géopolitique : une représentation essentialisée des nations, cultures, États, territoires, langues… Le texte, à l’aide d’un dessin, œuvre non seulement à donner du corps à toutes ces entités de différente nature, mais à les assimiler entre elles. Pour ce faire, le Brésil et le Portugal s’anthropomorphisent.
En outre, le corpus portugais est celui qui fait le plus usage de cartes pour représenter la langue portugaise dans le monde, un artifice bien plus subtil et qui a, à peu près, le même effet.
Figure 9. Cartographie de la langue portugaise dans les manuels européens
La représentation des frontières et des étendues de terrain comme éléments organisateurs de l’espace social permet de chosifier des réalités imaginées tout en unifiant l’espace, car même s’il s’agit
des lignes purement idéelles [qui] séparent comme une ligne de partage des eaux des portions de terrain de même nature […], nous appréhendons toujours l’espace qu’occupe […] un groupe social comme une unité qui exprime et porte l’unité du groupe autant qu’elle est portée en lui 42 .
Dans ces cartographies de « la langue portugaise » – où la lusophonie est souvent dessinée avec des dimensions exagérées –, l’espace est présenté comme homogène pareillement à la couleur qui s’étend sur chacun des pays relevés (qui parfois ne sont même pas nommés). Il est séparé des espaces qui les entourent au moyen de limites univoquement tracées (alors que les États, les groupes sociaux, et les langues et les cultures qui les traversent ne se prêtent pas à une telle superposition). Il est, finalement, unifié par l’article défini et au singulier précédant le nom de la langue, dans chaque titre et dans chaque légende.
Nous avons vu précédemment comment les mentions de la variation dans le corpus brésilien font apparaître l’hétérogénéité linguistique à l’intérieur de la lusophonie. Cette posture est, elle aussi, renforcée par divers mécanismes discursifs, tels que des réflexions sur la diversité linguistique et la comparaison explicite entre les différentes variétés du portugais.
La séquence pédagogique « Portugais du Portugal » 43 , par exemple, après avoir élevé une frontière entre des normes d’usage différentes par le biais de son titre, procède à une véritable interrogation sur la nature de cette frontière. Un enregistrement audio – où l’interviewé, l’écrivain portugais José Saramago, discute « les différences de la langue portugaise au Brésil et au Portugal » – touche à la question des « traductions » qui sont parfois nécessaires d’un portugais à l’autre, c’est-à-dire à l’intérieur même de ce qu’on considère comme étant une seule langue. Le fait que les apprenants soient ensuite amenés, après des exercices de compréhension orale, à discuter des différences qu’ils remarquent dans cette autre façon de parler, attire leur attention sur les différents domaines concernés par la variation – comme le lexique, la phonétique et la prosodie – et permet l’enseignement explicite des différences.
On peut le visualiser aussi dans l’exercice suivant 44 qui s’applique textuellement (contenu du texte) et icôniquement (couleurs, distribution des éléments sur la page) à distinguer le portugais du Brésil du portugais du Portugal (désignés en gras et en noir comme « portugais » et « brésilien », en haut et à droite).
Figure 10. Exercice avec deux tableaux : « Au Brésil nous disons… », « et au Portugal ils disent… »
Il faut cependant souligner que les portraits des normes étrangères dans les manuels brésiliens sont souvent approximatifs, voire inexacts. Un aller-retour dans des grammaires contrastives 45 suffit pour révéler à quel point les affirmations données dans le guide pédagogique de ce même manuel 46 – selon lequel le portugais européen est caractérisé par une « disparition » de voyelles atones prétoniques, par une prononciation « à l’anglaise » de la consonne « d », ou encore par des syntagmes où le pronom complément précède le verbe – sont contestables. Ces affirmations signalent un manque de familiarité des auteurs avec la variété portugaise.
Les manuels africains ont beau adopter différentes stratégies (telles que la non-désignation de la lusophonie) pour apaiser le rapport ambivalent avec les lusophones et la langue portugaise, les tensions et les rapports de force restent visibles.
Un discours d’Amilcar Cabral – intitulé « Étudions le portugais » 47 par les auteurs d’un manuel capverdien – permet d’illustrer non seulement l’instabilité de la langue portugaise vis-à-vis des langues nationales et étrangères, mais aussi la charge négative portée par la langue du colonisateur. Dans ce célèbre discours daté de 1974, l’indépendantiste bissaoguinéen préconise le choix du portugais comme langue officielle et dénonce les « opportunistes » qui militent pour l’enseignement en créole, en fula, en mandinga et en balanta. Il postule que les langues sont comme des tracteurs, peu importe s’ils sont français, anglais, portugais ou russes, et conclut que « la seule chose dont on peut remercier le tuga 48 est d’avoir laissé sa langue, après avoir tant volé notre territoire ».
Une interview avec Glória Muianga 49 , locutrice de Radio Mozambique, met, à son tour, en évidence la position défavorisée occupée par les variétés africaines, résultat des structures de hiérarchisation culturelle héritées de la colonisation. L’intervieweur affirme que ceux qui ne la connaissent pas pourraient croire qu’elle est originaire du « cœur linguistique », c’est-à-dire du Portugal. L’analogie avec l’anatomie place le portugais européen dans une position centrale par rapport aux autres variétés. La première question – « Avez-vous une influence d’une des langues nationales et, si c’est le cas, comment faites-vous pour vous exprimer avec une telle pureté dans la langue officielle ? » – réaffirme le centre européen, à partir de l’idéologie d’une langue pure – une langue susceptible d’être souillée par les « influences » des langues nationales. Les verbes utilisés dans la réponse de l’interviewée révèlent une adhésion à cet implicite : « c’est en raison d’une volonté d’améliorer ma prononciation et mon intonation […] le fait d’avoir des accents caractéristiques dans la langue est quelque chose qu’on peut corriger ». La glottophobie qui se dessine entre les lignes de ce texte est d’autant plus gênante qu’elle s’affirme dans une séquence intitulée « La locution, c’est le même que de témoigner la vie au travers tous ses visages ».
Figure 11. Titre évocateur pour une interview avec Gloria Muianga
Cette dynamique de légitimation linguistique, selon laquelle l’homme colonisé est obligé à se situer face au langage du colonisateur, était visible aussi pendant la décolonisation française.
Dans un groupe de jeunes Antillais, celui qui s’exprime bien, qui possède la maîtrise de la langue, est excessivement craint ; il faut faire attention à lui, c’est un quasi-Blanc. En France, on dit : parler comme un livre. En Martinique : parler comme un Blanc. 50
Mais la correspondance entre l’assimilation linguistique et la valorisation sociale est d’autant plus flagrante dans les rapports luso-africains qu’elle est gravée dans la législation coloniale. Les différents codes de l’indigénat, abolis seulement en 1960, avaient institutionnalisé une forme de progression entre le natif noir et le colon blanc. Pour accéder à la citoyenneté portugaise – et, par conséquent bénéficier des droits fondamentaux tels qu’être admissible pour travailler dans l’administration coloniale, être autorisé à se déplacer dans des quartiers blancs et entre les provinces, avoir un permis de conduire et un titre d’électeur, et aussi, le plus important, échapper au travail forcé –, il fallait que l’autochtone obtienne le statut de « civilisé » (1910-1926) ou d’« assimilé » (1926-1960). Pour l’obtenir il aurait fallu
abandonner entièrement les usages et les coutumes de la race noire […], adopter la monogamie […], avoir des revenus suffisants pour pourvoir à ses besoins, en termes de nourriture, de logement et d’habillement, pour sa famille et soi-même, ou exercer une profession, un art ou un métier compatible avec la civilisation européenne 51 .
Il aurait fallu surtout et en premier lieu « parler, lire et écrire correctement en portugais » 52 .
Les problématiques conflictuelles touchant à la langue portugaise en Afrique apparaissent enfin dans le guide pédagogique d’un manuel mozambicain 53 . On peut y lire qu’« Il nous faut tropicaliser le portugais, de manière à ce que l’on y voie des baobabs et non pas des pins ». Ce sont des mots tirés d’un discours du ministre de la Culture du pays. Il faudrait que la langue portugaise « exprime notre réalité ». L’adaptation des formes culturelles étrangères reste un exemple éloquent des propositions visant à résoudre cette apparente contradiction qu’est l’adoption de la langue du colonisateur après les indépendances.
Le manuel, une fenêtre vers l’avenir ?
Si un manuel de PLNM, comme cet article a pu le montrer, constitue une fenêtre sur le passé 54 , il s’ouvre également sur l’avenir. La période étudiée dans cet article donne des perspectives sur la diffusion/promotion de la langue portugaise dans le XXIe siècle, car ce qu’on appelle une langue est « teinté par les pratiques linguistiques et les catégorisations de ces pratiques de ceux avec qui, contre qui, il veut construire cet avenir, et de ceux avec qui il ne veut surtout pas le construire » 55 .
Le différentialisme des manuels brésiliens souvent insensibles aux références européennes, n’était-il pas un indice de l’orientation, profondément décoloniale, que prend le champ de la diffusion du portugais brésilien actuellement 56 ?
L’universalisme des manuels européens – nuançant les différences et renfonçant l’unité – ne préfigurait-elle pas leur posture de porte-parole de la lusophonie, tel que l’on a pu observer, pendant les dernières années 57 ?
Quant aux PALOP, force est de constater que les dynamiques postcoloniales dans le monde globalisé ne sont pas de bon augure pour une diffusion apaisée et intégrée de la langue portugaise. Il est à peu près admis qu’au lieu de consolider le processus d’autodétermination, les restructurations de l’économie culturelle globale ont évolué plutôt vers de nouvelles formes de dépendance 58 . Et tant que la lusophonie demeure un facteur de dévalorisation des espaces nationaux africains, on peut présumer qu’elle continuera à être instrumentalisée – par le biais de coopérations multilatérales, aussi bien que de l’emprunt de discours étrangers – tout en étant dissimulée dans les documents historiques.
L’altérité linguistique, tout comme les interdépendances sociales, est un médiateur non négligeable au sein de la mondialisation des langues, ce macro-phénomène. Nombreux sont les paysages – francophonie, arabophonie, anglophonie… – méritant d’être considérés à partir de ces manuels, produits distribués en masse, à vocation à traverser les frontières, portant en eux autant d’images que d’idéologies.
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- Le catalogue des maisons d’édition portugaises contient aujourd’hui des manuels pour la scolarisation en portugais au Timor oriental, pour l’enseignement du portugais du Brésil, ainsi que des manuels « pluricentriques », où chaque chapitre est consacré à un pays lusophone.↵
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Auteur
Danilo Bomilcar
Danilo Bomilcar est docteur en didactique des langues et des cultures de l’Université Sorbonne-Nouvelle. Spécialiste des manuels et de la lusophonie, il mène des recherches sur la diffusion et la promotion de la langue portugaise dans le monde, adoptant une approche historique globale et connectée. Au sein du laboratoire DILTEC, il participe également au projet CLIODIFLE – consacré à l’histoire de la didactique du FLE et des francophonies – particulièrement reconnu pour son travail d’archives et ses études sur les institutions promotrices de la langue française. Son intérêt pour l’altérité ainsi que pour la pluralité linguistique et culturelle l’a conduit, après son doctorat, à concevoir et lancer, en 2024, le projet Lusociclismo. Ce projet vise à relier à vélo les différentes régions lusophones dans le monde, au profit de l’enseignement du portugais auprès des réfugiés au Brésil.
Danilo Bomilcar é doutor em Didática das Línguas e das Culturas pela Universidade Sorbonne-Nouvelle, em Paris. Especialista em livros didáticos e em lusofonia, realiza pesquisas sobre a difusão e a promoção da língua portuguesa no mundo, adotando uma abordagem histórica global e conectada. No âmbito do laboratório DILTEC, também participa do projeto CLIODIFLE – dedicado à história da didática do FLE e das francofonias – particularmente reconhecido pelo trabalho de arquivos e pelos estudos sobre as instituições promotoras da língua francesa. Seu interesse pela alteridade, bem como pela pluralidade linguística e cultural, levou-o, após seu doutorado, a idealizar e lançar, em 2024, o projeto Lusociclismo. Este projeto busca conectar de bicicleta as diferentes regiões lusófonas do mundo, enquanto arrecada recursos para o ensino do português para refugiados no Brasil.
Pour citer cet article
Danilo Bomilcar, Altérités lusophones à travers les manuels de portugais langue non maternelle. Focus sur le Brésil, le Portugal et les PALOP (1975-1996), ©2024 Quaderna, mis en ligne le 15 décembre 2024, url permanente : https://quaderna.org/7/alterites-lusophones-a-travers-les-manuels-de-portugais-langue-non-maternelle-focus-sur-le-bresil-le-portugal-et-les-palop-1975-1996/
a multilingual and transdisciplinary journal