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# 06 Nord magnétique

Voyages et récits italiens en Laponie et Finlande au XIXe siècle

Abstract

The article presents a general overview of Italian travel in Lapland and, more marginally, in Finland in the 19th century; there were not many Italian travelers in the boreal land at that time, but some of their names are still important today in the panorama of travel literature in Scandinavia: Giuseppe Acerbi and Paolo Mantegazza are certainly the most famous, but we also mention Filippo Parlatore, Stéphen Sommier, Carlo Vidua, Giacomo Bove and three almost unknown tourists, Guardino Colleoni, Francesco Podreider and Father Luigi Randi. The article studies their routes, the practical organization and the difficulties of such a journey; we have identified some categories of travelers and, therefore, we analyze the resulting literary production, to seek the specificities that characterize the model of travel relationship in nordic countries.

Résumé

L’article présente un aperçu général du voyage italien en Laponie et, plus marginalement, en Finlande au xixe siècle ; il ny a pas eu beaucoup de voyageurs italiens en terre boréale à cette époque, mais certains de leurs noms sont encore importants aujourdhui dans le panorama de la littérature hodéporique en Scandinavie : Giuseppe Acerbi et Paolo Mantegazza sont certainement les plus célèbres, mais on cite également Filippo Parlatore, Stéphen Sommier, Carlo Vidua, Giacomo Bove et trois touristes presque inconnus, Guardino Colleoni, Francesco Podreider et le père Luigi Randi. L’article étudie leurs itinéraires, lorganisation pratique et les difficultés d’un tel voyage ; on a identifié quelques catégories de voyageurs et, par conséquent, on analyse la production littéraire qui en résulte, pour rechercher les spécificités qui caractérisent le modèle de relation de voyage dans les pays froids.

Texte intégral

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La représentation du Grand Nord a beaucoup changé au cours des siècles. Dans le monde gréco-romain, la notion de Nord était relativement vague, sans être liée à une région géographique précise, tout comme le terme « Nord », qui désignait une zone nordique allant de la Britannia à la Germania et était assimilé de temps à autre à la Bulgarie, à la Roumanie, à la Hongrie, à la Pologne ou encore à la Russie. Il a fallu attendre Pline l’Ancien et Tacite pour que soit mentionnée pour la première fois la Scandie (la partie méridionale de la Suède), puis la Scandinavie 1 . Si la culture classique a eu le mérite incontesté d’avoir fait connaître l’Europe du Nord, elle a été cependant responsable d’avoir créé le stéréotype d’un Nord sombre, inhabité (en raison du climat) et plus généralement associé à des connotations négatives. Tous ces auteurs classiques (en partant d’Hérodote, jusqu’à Pomponius Mela et aux déjà cités Pline et Tacite) tiraient de tels propos des témoignages de marins et de marchands, les seuls à avoir parcouru ces régions extrêmes pour y acheter des fourrures et le fameux ambre de la Baltique.

Au cours des xve et xvie siècles, des récits ont commencé à apparaître en Italie, la plupart encore en latin, d’autres en langue vernaculaire, mais toujours liés à des voyages commerciaux, des relations diplomatiques ou des missions religieuses. La conception du voyage comme méthode d’apprentissage culturel ou comme plaisir de visiter des lieux inconnus était encore inconnue à l’époque.

Le premier contact involontaire entre les latitudes chaudes de la Méditerranée et les brumes froides du Nord fut italien : c’est le naufrage de Pietro Querini, un marchand vénitien, dont le bateau échoua sur un éperon rocheux des îles Lofoten, le 6 janvier 1432. Secourus par des pêcheurs, les naufragés furent amenés sur l’île de Røst, où ils furent logés et nourris jusqu’au printemps, quand ils purent partir vers la Suède et enfin vers Venise 2 .

Après le naufrage du Querini, à l’exception du voyage de Francesco Negri entre 1663 et 1666 3 , il faudra attendre la grande saison du voyage, à partir du xixe siècle, pour voir neuf Italiens se rendre en Laponie et, plus marginalement, en Finlande.

Avant d’examiner les différents profils, il est nécessaire de faire une brève précision méthodologique. Au cours des vingt dernières années, nos travaux de recherche ont porté sur environ quatre-vingts voyageurs (italiens, français et anglais) qui ont parcouru les régions nordiques entre le xve et le xixe siècle 4 . Nous avons dès le début choisi de travailler principalement sur la Laponie (qui est aujourd’hui divisée géographiquement entre quatre États) et la Finlande, puisque notre analyse a toujours été insérée dans le domaine de nos études finno-ougriennes, secteur linguistique et culturel auquel les deux peuples (finlandais et sami) appartiennent 5 . Étant donné le nombre élevé d’écrivains modernes (qui ne rédigèrent donc plus leurs récits en latin, mais dans des langues dites « vulgaires »), on s’est efforcé d’identifier certaines catégories de voyageurs et, par conséquent, de relations, afin d’avoir une vision d’ensemble et de déceler les aspects fondamentaux qui caractérisent le voyage dans ces régions nordiques. On peut grosso modo parler de quatre classes de voyageurs, en fonction de leur statut social, de leur profession ou encore de leur attitude face aux populations rencontrées : les voyageurs en Grand Tour et écrivains, les hommes de science, les anthropologues et les touristes. Nous verrons, dans les pages suivantes, comment ces catégories peuvent également être adaptées au voyage italien en Laponie et en Finlande.

Les voyageurs en Grand Tour et écrivains

Les écrivains étaient des savants, des esprits curieux attirés principalement par la Laponie en tant que territoire méconnu et par sa culture originale.

Deux voyageurs, aux profils très similaires, peuvent être comptés parmi les écrivains. Il s’agit de Giuseppe Acerbi, né dans une riche bourgeoisie mantouane de propriétaires terriens, et du comte Carlo Vidua, issu de l’aristocratie turinoise. Tous deux voyagèrent en Europe du Nord à vingt ans d’écart, Acerbi entre 1798 et 1799, Vidua en 1818. Tous deux firent un voyage à vocation culturelle non strictement lié au Grand Tour, car ils étaient déjà adultes (Acerbi avait vingt-cinq ans, Vidua plus de trente ans) : le voyage fut conçu comme une manière d’approfondir leurs études, de vérifier leurs études déjà réalisées et non un tour du monde à vocation éducative. Figures exemplaires de leur époque, Acerbi et Vidua étaient deux voyageurs et savants qui partageaient aussi « la participation à une même culture : celle de la dernière civilisation du classicisme qui s’ouvrait à de nouvelles angoisses romantiques » 6 .

Giuseppe Acerbi fut certainement le voyageur le plus important du panorama nordique : il a non seulement voyagé en Laponie, atteignant d’abord le cap Nord par voie terrestre, mais a également traversé la Finlande, depuis Stockholm après avoir traversé en traîneau le golfe de Botnie gelé 7 . Historiquement partagée entre les dominations suédoise (jusqu’en 1809) et russe (jusqu’en 1917), la Finlande n’était souvent qu’une voie de passage pour les voyageurs qui se rendaient de Saint-Pétersbourg à Stockholm et vice versa. Vidua lui-même limitera le récit de son périple finlandais à ces simples mots : « J’ai traversé la Finlande, et nous avons heureusement atteint Pétersbourg » 8 .

À son retour, Acerbi réorganisa ses carnets (qui étaient en italien et en français) et publia en anglais les deux volumes de ses Travels through Sweden, Finland and Lapland to the North Cape in the years 1798 and 1799 (traduits et révisés en français par l’auteur en 1804 avec le titre de Voyage au Cap Nord par la Suède, la Finlande et la Laponie) 9 .

Acerbi fut le seul voyageur italien à avoir décrit en détail la culture finlandaise, son panthéon et ses dieux antiques (autres que ceux des Lapons), sa musique (transcrivant divers chants traditionnels) et surtout sa poésie. Le Kalevala a été recueilli par Elias Lönnrot un demi-siècle plus tard (il a été publié en 1835), mais Acerbi a également cité plusieurs poèmes qui font aujourd’hui partie du Kanteletar (publié par Lönnrot en 1840), en particulier le célèbre Jos mun tuttuni tulisi (« Ah, si mon bien-aimé venait »), dont le voyageur a également publié la musique.

En ce qui concerne Carlo Vidua, ses écrits sur le Nord (qu’il visita en 1818) sont des lettres adressées à des membres de sa famille ou à des amis, contenues dans le deuxième volume du recueil des Lettere publié en 1834 10 .

On y lit une description assez conventionnelle de la Laponie, que l’on retrouve dans la littérature boréale hodéporique de l’époque : la difficulté de se déplacer du fait de l’absence de routes praticables, la descente dangereuse des rivières caractérisée par des cataractes (Vidua écrit qu’il voyagea « des cataractes de Laponie aux cataractes du Nil » 11 ) et l’extrême hospitalité du peuple lapon malgré la pauvreté endémique qui le frappait. Comme beaucoup de ses contemporains, il fut impressionné par le mode de vie simple et primitif des Lapons, par la visite des mines suédoises (but officiel de son voyage), ainsi que par l’utilisation du renne et l’absence de pain, remplacé par un mélange de farine et de paille, que Vidua jugea absolument immangeable.

Vidua fut cependant l’un des rares voyageurs à fournir des informations sur l’équipement utilisé pour la traversée de la Laponie, en particulier la nourriture et les objets, et sur l’organisation pratique du voyage. Dans une lettre à sa mère, il évoqua les préparatifs et les achats :

Nous avions des lettres pour les autorités suédoises et russes, ainsi que pour deux commerçants de Tornio. Nous nous procurâmes des lettres pour les curés et pour deux inspecteurs des mines (abandonnées), qui sont les seules personnes civilisées vivant en Laponie, nous avions engagé un interprète qui parlait lapon et finnois et enfin nous nous sommes occupés de l’approvisionnement. Nous achetâmes du thé, du riz, de l’eau-de-vie et surtout une bonne quantité de pain ; une sorte de petite casserole pour faire de la soupe, des bols en bois verni pour servir d’assiettes, je m’étais acheté un gobelet en corne, un autre en cuivre, une fourchette et un couteau. 12

Cette liste de provisions n’est pas très éloignée de celles citées par deux voyageurs français du xixe siècle, Prosper Sibuet et Alfred Kœchlin-Schwartz, qui, dans leurs récits, évoquaient des listes d’aliments, de conserves, d’armes et de munitions, indispensables à tout touriste en Laponie 13 .

Acerbi et Vidua ont tous deux exprimé, dans leurs écrits, une profonde fierté patriotique d’avoir effectué un voyage dans des terres aussi extrêmes, Acerbi, comme nous l’avons vu, estimant qu’il avait été le premier Italien à avoir mis le pied au cap Nord, Vidua comme le premier Piémontais à avoir effectué un tour nordique hors du commun.

Les hommes de sciences

La Laponie n’est pas seulement habitée par un peuple aux us et coutumes curieux, mais elle a aussi toujours été un territoire privilégié pour les expéditions scientifiques, en raison de sa configuration physique et de la population qui y vivait, considérée au xixe siècle comme la dernière civilisation « primitive » présente sur le sol européen. Grâce à sa relative proximité en Europe, le voyage en Laponie ne nécessitait pas de trajets épuisants et dangereux (comme c’était le cas pour ceux qui se rendaient, par exemple, en Afrique subsaharienne ou en Amérique du Sud).

Parmi les hommes de science qui ont parcouru ces contrées, il y a deux Italiens, le botaniste Filippo Parlatore et l’hydrographe Giacomo Bove.

Né à Palerme, Filippo Parlatore fut professeur de botanique et de physiologie au Muséum d’histoire naturelle de Florence et voyagea en Scandinavie en 1851 14 . Son récit, Viaggio per le parti settentrionali di Europa fatto nell’anno 1851, est contenu en deux volumes : le premier consacré à son récit de voyage, le second contenant les résultats scientifiques et les listes de plantes observées et récoltées en Laponie. Dans l’idée du voyageur, cette subdivision devait permettre aux botanistes de se faire d’abord une idée générale du pays, grâce au volume de la relation de voyage, puis d’accéder à toutes les informations scientifiques grâce au second. Par exemple, dans les pages consacrées à la description de l’ours, le botaniste cite le type d’herbe mangé par l’animal, selon les saisons, indiquant le nom scientifique des plantes entre parenthèses et renvoyant ainsi le lecteur au second tome.

Si les informations sur la Laponie sont assez connues, car tirées du récit de voyage d’Anders Fredrik Skjöldebrand (compagnon de voyage d’Acerbi) 15 et de l’Histoire de la Laponie de Johannes Scheffer 16 , on lit, en revanche, avec beaucoup d’intérêt les détails fournis par Parlatore sur son équipement technique, parfois lourd et encombrant dans les marais lapons, et sur ses méthodes de travail pour conserver et transporter au mieux les plantes récoltées :

Les « vascoli » sont de grandes boîtes en fer-blanc, longues d’un bras et demi et de forme presque cylindrique, qui s’ouvrent avec un large couvercle ; on les porte attachées sur le flanc par un lacet de cuir. Les botanistes s’en servent pour y conserver les plantes recueillies pendant le voyage, jusqu’au moment où on peut les mettre dans les papiers transpirants pour les sécher. 17

D’un point de vue linguistique, Parlatore a porté une attention considérable à l’expression écrite, par exemple en ce qui concerne la transcription phonétique des toponymes : le voyageur a transposé phonétiquement la prononciation des mots en italien, expliquant qu’il avait fait ce choix pour faire comprendre au lecteur le son réel des langues nordiques. Il indique également, à côté de chaque nom, entre parenthèses et en italiques, le nom écrit dans la langue du pays, par exemple : « Cáttilacoschi (Kattilakoski) » ou « Cautochéino (Kautokeino) ». De même, il fut le seul voyageur à refuser l’usage du terme « renne » (qu’il définissait comme une dérivation du français) pour lui préférer un latinisme hors du commun : « tarando », un sens que l’on ne retrouve que dans l’œuvre de Pline. Dans le passé, Negri avait utilisé un autre latinisme, « rangifero », qui était très courant au xviie siècle (il fut également utilisé par Johannes Scheffer dans son Histoire de la Laponie) 18 .

En conclusion, le Viaggio est très intéressant, car il ne se limite pas à une relation scientifique avec des données purement techniques, mais il nous livre un récit passionné et très détaillé de chaque étape, avec un langage non alourdi par les accents romantiques auxquels Parlatore a échappé de quelques années.

Le romantisme, en revanche, fait irruption dans la relation d’un autre homme de science du xixe siècle, Giacomo Bove, hydrographe et seul Italien à avoir intégré l’expédition arctique suédoise menée par Adolf Erik Nordenskiøld entre 1878 et 1879, visant à atteindre le passage vers le nord-est 19 . Les rapports officiels de l’expédition, envoyés à la Société géographique italienne 20 , contiennent des données techniques de première importance, mais, à la différence des textes scientifiques nordiques du passé (comme La Figure de la Terre de Maupertuis de 1738 21 ou les dix volumes produits par la Commission scientifique du Nord entre 1843 et 1846 22 ), présentent également un langage imprégné d’accents romanesques et de topoï hodéporiques par excellence, comme les descriptions de « nocturnes », un certain sentiment religieux, la nostalgie de la famille ou de la lointaine patrie et le fameux sentiment de manquer de mots pour décrire la beauté du spectacle offert par la nature nordique. Bove a cité à plusieurs reprises le peintre Salvator Rosa, maître, au xviie siècle, de la représentation de la nature sauvage et désertique qui, selon le voyageur, a su magistralement illustrer les paysages nordiques, ainsi que l’écrivain Edmondo De Amicis, en compagnie duquel Bove eut l’occasion de voyager en Patagonie quelques années plus tard.

Les anthropologues

Ces accents sublimes, qui touchaient au « monstruosus », terribles et magnifiques à la fois, étaient un miroir de l’époque et se retrouvent aussi dans les travaux des deux anthropologues qui visitèrent la Laponie à la fin du xixe siècle, Paolo Mantegazza et Stephen Sommier 23 . Ensemble dans une expédition organisée en 1879, qui déboucha non seulement sur deux récits de voyage 24 , mais aussi sur une publication sur les peuples nordiques, texte de référence pour les connaissances anthropologiques de l’époque 25 , Sommier retourna seul en Laponie en 1885 26 , pour continuer ensuite vers une longue expédition en Sibérie 27 .

Tous deux ont fourni des données précieuses pour reconstituer la culture traditionnelle lapone (notamment les croyances magico-religieuses liées au chamanisme), mais ont également utilisé un style enrichi d’impressions personnelles, comme en témoignent les descriptions romantiques des paysages adressées par Sommier à ses petits-enfants ou les esquisses ironiques de Mantegazza, dont l’inimitable style se retrouve à plusieurs reprises dans le texte. Pour donner un exemple, lisons la description, aux accents de l’Enfer de Dante, que l’anthropologue a faite du sauna finlandais après l’avoir essayé :

On se déshabilla et avec le moins possible sur nous, à tel point qu’on se serait cru nu, on retourna au four ; et là, laissé sur la pelouse ce moins possible, j’entrai nu comme Adam. Après une demi-minute, qui me parut un demi-siècle, je sentis entrer dans ma poitrine un air si torride que j’ai eu l’impression de sentir brûler le nez, le pharynx, le larynx, les bronches, les poumons et toutes choses. […] On me plaça sur un banc en bois et, par de brefs intervalles, des coups très forts, des seaux d’eau chaude et des seaux d’eau froide qui s’alternaient. Je transpirais et je me taisais, je me taisais et je transpirais et dans les rares moments de conscience, j’avais comme l’impression que toute cette confusion pouvait être agréable. 28

Les touristes

Le langage et les topoï romantiques s’affirmèrent avec la naissance d’un phénomène hodéporique moderne : le tourisme. À partir de la moitié du xixe siècle, une standardisation de la culture du voyage se mit en place : Thomas Cook développa l’idée d’orienter des groupes de personnes toujours plus nombreux vers des pays lointains et, au même moment, Baedeker et Murray publiaient leurs premiers guides. Les voyages devenaient en effet plus rapides, moins chers, plus confortables et, grâce aux guides étoilés pour classer les lieux, les personnes qui voyageaient n’allaient voir que les choses et monuments « importants », que d’autres avaient choisis pour eux. Le touriste était donc un voyageur passif : il attendait que les événements, organisés par d’autres, viennent à lui et était à la recherche d’un pur passe-temps. Dans le récit de voyage touristique, le langage céda la place à deux courants : le sublime et le pittoresque. Le premier représentait les phénomènes qui dépassaient l’homme et qui, par conséquent, le renvoyaient à sa fragilité ; le second montrait les signes du temps qui passe et révélait une sorte d’exotisme au fil du temps : à l’époque du tourisme, le pittoresque se standardisa et devint caricatural, l’espace s’organisa et se construisit selon les traits que l’imaginaire collectif attribuait à son passé. Par conséquent il n’indiquait pas les liens des lieux avec le passé, mais il s’agissait d’une reconstitution fictive, organisée dans un but purement commercial 29 .

Les premiers touristes sont arrivés en Laponie à partir des années 1870, les raisons étant nombreuses : la situation politique plus stable dans les pays d’Europe du Nord que dans la région centro-méridionale, les prix plus abordables, les moyens de transport de plus en plus confortables et rapides (notamment les bateaux à vapeur) et la publication du premier Baedeker en français sur la Suède et la Norvège en 1866 (la deuxième édition dut attendre 1892, c’est pourquoi de nombreux récits de voyages servirent de guides).

Le Lapon pouvait être considéré comme « passif » dans ces récits, mais en réalité, vers la fin du siècle, il commença à être beaucoup plus « actif » qu’on ne le pensait : si les touristes (surtout avant le départ) le considéraient comme un objet de curiosité et de divertissement (Lapon passif), on voit en réalité les Lapons s’organiser face au tourisme de masse (Lapon actif). Par exemple, tous les voyageurs arrivant en bateau à vapeur à Tromsø visitaient le même campement lapon, préparé par les mêmes habitants qui montraient aux touristes la tente lapone « typique », les aliments « typiques », les objets « typiques » d’usage quotidien, les vêtements « typiques », choses qui, bien évidemment, pouvaient être achetées à la fin du mini-tour. Se mit alors en place une véritable industrie lapone, qui commença bientôt à être remarquée par les voyageurs. Guardino Colleoni, avocat et sénateur du Royaume d’Italie, envoyé en Laponie en 1888 par l’Académie olympique de Vicence, soulignait les prix faramineux atteints par certains produits typiquement nordiques, comme les fourrures :

J’ai acheté quelques petits objets de ces petits bonshommes et j’ai reçu leurs cordiales et huileuses serrées de main. […] Nous sommes entrés dans les magasins des fourrures, où on stocke les peaux d’ours, de renard, de phoque, d’eider et les couvertures de plumes d’alcyon du cap. Mais là-bas c’est une vraie illusion de croire pouvoir acheter à des bons prix, car on est loin des villes européennes : eh ben, les peaux coûtent à Hammerfest comme à Milan (et peut-être plus) et, en outre, il y a le problème du transport et des frais de port. La peau d’ours a une valeur moyenne de 300 lires. Celle de phoque, déjà confectionnée, 100 lires et celle de renard bleu monte à des chiffres fabuleux! 30

Le véritable but du voyage touristique en Scandinavie, cependant, n’était pas tant la curiosité envers les Lapons que le désir d’atteindre le cap Nord qui, à la fin du xixe siècle, représentait le rêve de nombreux voyageurs. L’itinéraire était bien défini, il était généralement assuré par des bateaux à vapeur naviguant le long des fjords norvégiens. L’expérience était devenue collective et cela se reflète dans le langage des récits, qui passent rapidement d’un « je » initial à un « nous » camaradesque, à tel point que la plupart des relations de cette période (principalement françaises et italiennes) usent de styles et formulations très similaires, avec des accents lyriques dans la description du cap Nord, et des scènes de la vie quotidienne à bord des bateaux, où les touristes passaient la plupart du temps de voyage. Luigi Randi, prêtre au service d’une famille aristocratique florentine, participa à une croisière en Norvège et fut enchanté par la richesse de la cuisine nordique servie au Grand Hôtel de Tromsø, dernière étape à terre avant l’excursion au cap Nord :

Sur les tables nous trouvâmes toutes sortes de plats : viande de renne séchée ou cuite, saucisses de couleur foncée, poisson, œufs, beurre, fromage et plusieurs types de confitures. En Norvège on utilise beaucoup les cassis, les fraises et surtout les framboises, avec lesquelles ils préparent de superbes confitures avec du lait ou de la crème fraîche. On trouve des framboises dans toute la Norvège et elles sont de deux qualités. La première est la framboise arctique, qui a des feuilles qui ressemblent à celles des roses, dont les fruits sont jaunâtres et d’un parfum très doux. La deuxième qualité est présente dans tous les champs, avec les fraises sauvages. Je dois dire que notre repas norvégien fut délicieux, la bière excellente et nous fûmes servis avec une précision maximale : la seule difficulté était de se faire comprendre par la fille qui nous servait. 31

Mais il y avait aussi ceux qui n’appréciaient pas la promiscuité d’un voyage en compagnie d’inconnus : ce fut le cas de Francesco Podreider, journaliste milanais, correspondant du magazine Il Sole. En croisière en 1888, son reportage est constitué d’à peine trente pages et souligne la difficulté d’adaptation du voyageur aux espaces étroits d’un bateau à vapeur :

Rien n’est plus ennuyeux ni plus inconfortable que de vivre presque comme des mariés plus de huit jours avec des personnes qu’on ne connaît pas et qui souvent ne comprennent pas un mot des langues que vous parlez. Et surtout s’ils sont anglais, ils ont toujours l’habitude de commander tout et partout, sans remarquer qu’ils ne parlent pas ou qu’ils ne veulent pas s’abaisser à parler une autre langue que la leur. 32

Même la description du cap Nord est complètement différente des habitudes touristiques de l’époque, ne présentant pas des tons emphatiques et sublimes, mais restant liée au style concentré et essentiel, typique du journalisme :

À 9h du soir du vendredi 27 nous sommes arrivés au cap Nord : c’est une roche qui s’effrite, noirâtre, pleine de crevasses, inhabitée, à la latitude de 71°10. Le sommet est à 295 mètres à pic sur la mer, où se trouve une colonne en granit, comme souvenir de la visite du roi Oscar en 1873. Il faut environ trois quarts d’heure pour atteindre le sommet ; la montée fut difficile, car on glissait facilement à cause du terrain humide. Malgré cela, par ambition ou par émulation, presque tout le monde effectua la montée, y compris les dames, même si plusieurs personnes auraient voulu redescendre rien qu’arrivées à la moitié du chemin. Heureusement les nuages disparurent et à minuit on vit un merveilleux soleil resplendissant qui, entre le 12 mai et le 31 juillet ne se couche jamais. On but du champagne et la descente fut encore plus difficile que la montée. 33

Podreider termina son récit en revenant sur le sujet de la promiscuité à bord du bateau, allant jusqu’à affirmer qu’un voyage de huit jours (le temps qu’a duré sa croisière) dans ces landes nordiques, c’est beaucoup trop long, affirmation curieuse, unique en son genre :

Avec précision à l’heure établie, on arrive à Trondheim, heureux d’avoir fait ce voyage, mais peut-être encore plus contents de l’avoir terminé. C’est une excursion trop longue (!) et on y voit trop souvent les mêmes choses. Il faudrait un temps parfait et pas froid et moins de passagers à bord, pour pouvoir mener une vie non seulement plus calme, tranquille et pacifique, mais aussi plus intime. Il faudrait n’être pas plus de 20 ou 30 amis et louer un bateau pour pouvoir s’arrêter où on veut. 34

Conclusion

En conclusion, quel Nord émerge des relations des voyageurs italiens au xixe siècle ?

Tout d’abord, la Laponie occupe une place centrale dans les récits évoqués ici, la Finlande n’ayant été visitée que par un seul voyageur, Giuseppe Acerbi. La Laponie présentait de curieuses traditions, loin de l’imaginaire méridional européen, offrant un exotisme qui a retenu l’attention des voyageurs pendant plusieurs siècles. Beaucoup d’entre eux décrivaient les costumes colorés des Lapons, les skis, le monde magico-religieux du chamanisme ou encore le renne, autour duquel tournait toute l’économie lapone.

Le peuple sami a toujours été considéré par les voyageurs comme en marge de la civilisation et, encore à la fin du xixe siècle, les anthropologues ont trouvé dans cette région la dernière population « sauvage » d’Europe, accessible par des temps et des moyens relativement abordables.

Mais le Grand Nord correspondait aussi au mythe des paysages romantiques sublimes, dans lesquels la nature montrait son côté le plus immaculé et la puissance de la création divine. Le rêve du cap Nord, enfin, était fondamental dans l’attrait des touristes italiens pour cette région, car il représentait aux yeux des voyageurs de tous les temps le dernier bastion de défense d’un continent qui autrement aurait été attaqué par les glaces polaires 35 .

Et c’est justement sur un curieux contraste que nous aimerions conclure ce voyage parmi les voyages. Sur la coiffe d’un des colosses de Ramsès II, sur la façade du temple d’Abou Simbel en Égypte, le comte Carlo Vidua fit graver une inscription en souvenir de sa visite : « Carlo Vidua, Italiano, qui venne dalla Laponia [sic]. 1820 » 36 . Qu’un terme comme « Laponie », évoquant la glace, la neige, le froid et les aurores boréales, se retrouve gravé dans le désert, ne peut que nous faire réfléchir sur la façon dont deux mondes si opposés et qui ne peuvent en apparence jamais se toucher, la Laponie et l’Égypte, ont pu trouver un point de contact diaphane grâce à l’universalité de la grande famille de la littérature de voyage.

Notes    (↵ returns to text)

  1. Pour une étude sur l’image du Nord dans les sources anciennes et médiévales, voir Luigi de Anna, Il Mito del Nord. Tradizioni classiche e medievali, Napoli, Liguori Editore, 1994.
  2. On renvoie à notre analyse de ce voyage et des relations auquel il donna lieu dans Alessandra Orlandini Carcreff, Au pays des vendeurs de vent. Voyager en Laponie et en Finlande du xve au xixe siècle, Aix-en-Provence, PUP, coll. « Textuelles », 2017, p. 111-122.
  3. Le père Francesco Negri (1624-1698) voyagea pendant trois ans en Suède et en Norvège, devenant le premier Italien à atteindre le cap Nord par la mer en 1666. Son récit, Viaggio settentrionale (Padova, Stamperia del Seminario, 1700), est un texte d’une modernité absolue, tant pour les informations sur les régions visités et les peuples rencontrés, que pour l’ouverture d’esprit qui anticipe des thèmes et des attitudes anthropologiques. Parmi les ouvrages sur la vie et le voyage de Negri, on signale : Roberto Wis, « Francesco Negri, voyageur italien du xviie siècle en Laponie et au Cap Nord », Terra boreale, Porvoo-Helsinki, WSOY, 1969, p. 17-57 ; Nathalie Hester, « An Unreasonable Journey? The Place of Europe and Italy in Francesco Negri’s Viaggio settentrionale », Reason and Its Others. Italy, Spain and the New World, dir. David R. Castillo, Massimo Lollini, Nashville, Vanderbilt UP, 2006, p. 101-122 ; Alessandra Orlandini, « Le premier Italien au cap Nord : le père Francesco Negri (1663-1666) », Figures du Nord. Scandinavie, Groenland et Sibérie. Perceptions et représentations des espaces septentrionaux du Moyen Âge au xviiie siècle, dir. Éric Schnakenbourg, Rennes, PUR, 2012, p. 35-52 ; Alessandra Orlandini Carcreff, Au pays des vendeurs de vent, cit., p. 130-143.
  4. C’était notre sujet de thèse de doctorat, soutenue en 2008 à Sorbonne Université. On se reportera au volume publié à partir de ce travail de recherche, qui illustre en détail la notion de voyage dans les pays boréaux et analyse la rédaction des récits publiés au cours des siècles : Alessandra Orlandini Carcreff, Au pays des vendeurs de vent, cit.
  5. Au cours de cet article, le mot « lapon » sera principalement utilisé, au lieu de « sami » qui est plus correct. Tout en connaissant bien la connotation péjorative du premier terme, il ne sera utilisé ici que pour des raisons historiques, car il est récurrent au sein des récits de voyage des siècles passés.
  6. Franco Brevini, La sfinge dei ghiacci, Milano, Hoepli, 2009, p. 177. Plus tard, le destin les amena tous les deux, presque dans les mêmes années, en Égypte, Vidua entre 1820 et 1823 comme voyageur, Acerbi entre 1825 et 1834 comme consul d’Autriche.
  7. La bibliographie sur Acerbi est très vaste. Parmi les ouvrages les plus récents : Luigi G. de Anna, Lauri Lindgren, Helena Peso (dir.), Giuseppe Acerbi tra classicismo e restaurazione. Atti del convegno 31.5-2.6.1996 Seili, Finlandia, Turku, Turun Yliopisto, 1997 ; Vincenzo De Caprio, Piero Gualtierotti (dir.), Giuseppe Acerbi, i Travels e la conoscenza della Finlandia in Italia, Manziana, Vecchiarelli, 2003 ; Alessandra Orlandini Carcreff, Au pays des vendeurs de vent, cit., p. 89-97 ; Luigi de Anna, Giuseppe Acerbi e la Finlandia, Turku, Turun Yliopisto, 2020.
  8. Cesare Balbo, Lettere del conte Carlo Vidua, Torino, presso Giuseppe Pomba, 1834, 3 vol. ; vol. II, Primo viaggio, in Francia, Inghilterra, Danimarca, Svezia, Russia, Turchia d’Europa e d’Asia, ed Egitto. Anni 1818-1821, p. 39 (lettre du 5 novembre 1818 à sa sœur, la comtesse Incisa di S. Stefano).
  9. Les carnets de voyage manuscrits d’Acerbi sont tous conservés à la Bibliothèque municipale de Mantoue. Ils ont été publiés intégralement par la section de Langue et littérature italiennes de l’université de Turku : Giuseppe Acerbi, Il viaggio in Svezia e in Finlandia (1798-1799), Turku, Turun Yliopisto, 2005 ; Giuseppe Acerbi, Il viaggio in Svezia e in Norvegia (1799-1800), Turku, Turun Yliopisto, 2000 ; Giuseppe Acerbi, Viaggio in Lapponia 1799, Turku, Turun Yliopisto, 1996. Les éditions imprimées du récit de voyage sont les suivantes : Giuseppe Acerbi, Travels through Sweden, Finland and Lapland to the North Cape in the years 1798 and 1799, London, Joseph Mawman, 1802, 2 vol. ; Giuseppe Acerbi, Voyage au Cap Nord par la Suède, la Finlande et la Laponie, Paris, Levrault et Schoell, 1804, 4 vol. ; Giuseppe Acerbi, Viaggio al Capo Nord fatto l’anno 1799, compendiato e per la prima volta pubblicato in Italia da Giuseppe Belloni antico militare italiano, Milano, Sonzogno, 1832.
  10. Sur Vidua, voir Franco Brevini, op. cit., p. 173-185.
  11. Cesare Balbo, op. cit., vol. II, p. 353 (lettre du 15 juin 1821).
  12. Ibid., p. 33 (lettre du 19 octobre 1818 à la comtesse Vidua).
  13. Prosper Sibuet, Voyage dans la presqu’île scandinave et au cap Nord. Première partie : Suède, Paris, Arthus Bertrand, 1848, p. 237-239 et Alfred Kœchlin-Schwartz, Un touriste en Laponie. Le soleil de minuit. Karasjok. Les Lapons. Le Fjeld, Paris, Hachette, 1882, p. 513. Voir Alessandra Orlandini Carcreff, Au pays des vendeurs de vent, cit., p. 50-51.
  14. Sur Parlatore, voir Filippo Parlatore, Mie memorie, éd. Agnese Visconti, Palermo, Sellerio, 1992 et Franco Brevini, op. cit., p. 193-220.
  15. Anders Friedrik Skjöldebrand, Voyage pittoresque au cap Nord, Stockholm, Charles Delén et J. G. Forsgren, 1801-1802.
  16. Johannes Scheffer, Histoire de la Laponie, sa description, l’origine, les mœurs, la manière de vivre de ses Habitans, leur Religion, leur Magie, & les choses rares du Païs, Paris, Olivier de Varennes, 1678.
  17. Filippo Parlatore, Viaggio per le parti settentrionali di Europa fatto nell’anno 1851, Firenze, Le Monnier, 1854, vol. 1, p. 220.
  18. Luigi de Anna, « Una parola di origine scandinava: il termine “renna” e le sue varianti nella letteratura dei viaggi settentrionali », Atti del secondo convegno degli Italianisti in Finlandia, Helsinki, Publications du Département des Langues Romanes, n° 3, 1983, p. 93-118.
  19. Voir Giuseppe Nencioni, The Italians in the Artic Explorations, Umeå, Northern Studies Monographs, 2010, p. 49-57 et Franco Brevini, op. cit., p. 243-262.
  20. Giacomo Bove, « Spedizione artica svedese. Lettera di G. Bove al Presidente della Società geografica italiana », Bollettino della Società Geografica Italiana, Roma, 1878, anno XII, vol. XV, serie II, vol. III, p. 252-255 et Giacomo Bove, Spedizione artica svedese (1878-1879), Roma, Tipografia Barbera, 1880.
  21. Pierre Louis Moreau de Maupertuis, La Figure de la Terre, déterminée par les Observations de Messieurs de Maupertuis, Clairaut, Camus, le Monnier, de l’Académie Royale des Sciences, et de M. l’Abbé Outhier, Correspondant de la même Académie, Accompagnés de M. Celsius, Professeur d’Astronomie à Upsal, faites par ordre du Roy au Cercle Polaire, Paris, Imprimerie Royale, 1738.
  22. Paul Gaimard (dir.), Voyages de la Commission scientifique du Nord, en Scandinavie, en Laponie, au Spitzberg et aux Feröe, pendant les années 1838, 1839 et 1840, sur la corvette « La Recherche ». Publiés par ordre du Roi sous la direction de M. Paul Gaimard, Paris, Arthus Bertrand, 1843-1846, 10 vol.
  23. Sur le voyage de Mantegazza et Sommier, voir Alessandra Orlandini Carcreff, « Paolo Mantegazza e Stephen Sommier in Lapponia », Paolo Mantegazza. Dalle Americhe al Mediterraneo, dir. Giampaolo Atzei, Alessandra G. Orlandini Carcreff, Tania Manca, Monaco, LiberFaber, 2014, p. 77-88.
  24. Paolo Mantegazza, Un viaggio in Lapponia coll’amico Stephen Sommier, Milano, G. Brigola, 1881 et Stephen Sommier, Viaggio in Norvegia ed in Lapponia, Torino, G. Candeletti, 1881.
  25. Paolo Mantegazza, Stephen Sommier, Studii antropologici sui Lapponi, Firenze, Coi tipi dell’arte e della stampa, 1880.
  26. Stephen Sommier, Prima ascensione invernale al Capo Nord e ritorno attraverso la Lapponia e la Finlandia, Roma, Società Geografica Italiana, 1886 et Stephen Sommier, Un viaggio d’inverno in Lapponia. Lettere ai miei nipotini, Firenze, G. Barbera, 1887.
  27. Stephen Sommier, Un’estate in Siberia: fra Ostiacchi, Samoiedi, Siriéni, Tatári, Kirghísi e Baskíri, Firenze, E. Loescher, 1885.
  28. Paolo Mantegazza, op. cit., p. 75-77.
  29. Luigi Marfé, Oltre la « fine dei viaggi ». I resoconti dell’altrove nella letteratura contemporanea, Firenze, Leo S. Olschki, 2009, p. 16-24 ; Daniel J. Boorstin, « From Traveler to Tourist. The Lost Art of Travel », The Image or What Happened to the American Dream, London, Weidenfeld-Nicolson, 1961, p. 77-117.
  30. Guardino Colleoni, Al Capo Nord. Impressioni di viaggio lette all’Accademia Olimpica di Vicenza, Vicenza, Tipi dello Stabilimento G. Raschi, 1889, p. 51-58.
  31. Luigi Randi, La Scandinavia. Una crociera al capo Nord sull’yacht « Catarina », Firenze, Stabilimento tip. G. Civelli, 1897, p. 62-63.
  32. Francesco Podreider, Da Christiania al Capo Nord, Milano, Bellini, 1888, p. 5.
  33. Ibid., p. 12.
  34. Ibid., p. 15.
  35. Quasiment tous les voyageurs français et italiens qui atteignirent le cap Nord le décrivirent comme une « sentinelle de granite » qui protège l’Europe (parmi les Italiens, Giuseppe Acerbi, Guardino Colleoni ou encore Stephen Sommier).
  36. « Carlo Vidua, Italien, il vint ici depuis la Laponie. 1820 ». Cité dans Louis A. Christophe, Abu Simbel. L’epopea di una scoperta archeologica, Torino, Einaudi, 1970, p. 89 et dans Franco Brevini, op. cit., p. 173.

Bibliographie

Récits de voyage

Acerbi Giuseppe, Il viaggio in Svezia e in Finlandia (1798-1799), Turku, Turun Yliopisto, 2005.

Acerbi Giuseppe, Viaggio in Lapponia 1799, Turku, Turun Yliopisto, 1996.

Acerbi Giuseppe, Il viaggio in Svezia e in Norvegia (1799-1800), Turku, Turun Yliopisto, 2000.

Acerbi Giuseppe, Travels through Sweden, Finland and Lapland to the North Cape in the years 1798 and 1799, London, Joseph Mawman, 1802, 2 vol.

Acerbi Giuseppe, Voyage au Cap Nord par la Suède, la Finlande et la Laponie, Paris, Levrault et Schoell, 1804, 4 vol.

Acerbi Giuseppe, Viaggio al Capo Nord fatto l’anno 1799, compendiato e per la prima volta pubblicato in Italia da Giuseppe Belloni antico militare italiano, Milano, Sonzogno, 1832.

Balbo Cesare, Lettere del conte Carlo Vidua, Torino, presso Giuseppe Pomba, 1834, 3 vol.

Bove Giacomo, « Spedizione artica svedese. Lettera di G. Bove al Presidente della Società geografica italiana », Bollettino della Società Geografica Italiana, Roma, 1878, anno XII, vol. XV, serie II, vol. III, 252-255.

Bove Giacomo, Spedizione artica svedese (1878-1879), Roma, Tipografia Barbera, 1880.

Colleoni Guardino, Al Capo Nord. Impressioni di viaggio lette all’Accademia Olimpica di Vicenza, Vicenza, Tipi dello Stabilimento G. Raschi, 1889.

Gaimard Paul (dir.), Voyages de la Commission scientifique du Nord, en Scandinavie, en Laponie, au Spitzberg et aux Feröe, pendant les années 1838, 1839 et 1840, sur la corvette « La Recherche ». Publiés par ordre du Roi sous la direction de M. Paul Gaimard, Paris, Arthus Bertrand, 1843-1846, 10 vol.

Kœchlin-Schwartz Alfred, Un touriste en Laponie. Le soleil de minuit. Karasjok. Les Lapons. Le Fjeld, Paris, Hachette, 1882.

Mantegazza Paolo, Sommier Stephen, Studii antropologici sui Lapponi, Firenze, Coi tipi dell’arte e della stampa, 1880.

Mantegazza Paolo, Un viaggio in Lapponia coll’amico Stephen Sommier, Milano, G. Brigola, 1881.

Maupertuis Pierre Louis Moreau de, La Figure de la Terre, déterminée par les Observations de Messieurs de Maupertuis, Clairaut, Camus, le Monnier, de l’Académie Royale des Sciences, et de M. l’Abbé Outhier, Correspondant de la même Académie, Accompagnés de M. Celsius, Professeur d’Astronomie à Upsal, faites par ordre du Roy au Cercle Polaire, Paris, Imprimerie Royale, 1738.

Negri Francesco, Viaggio settentrionale, Padova, Stamperia del Seminario, 1700.

Parlatore Filippo, Viaggio per le parti settentrionali di Europa fatto nell’anno 1851, Firenze, Le Monnier, 1854, 2 vol.

Parlatore Filippo, Mie memorie, éd. Agnese Visconti, Palermo, Sellerio, 1992.

Podreider Francesco, Da Christiania al Capo Nord, Milano, Bellini, 1888.

Randi Luigi, La Scandinavia. Una crociera al capo Nord sull’yacht « Catarina », Firenze, Stabilimento tip. G. Civelli, 1897.

Sibuet Prosper, Voyage dans la presqu’île scandinave et au cap Nord. Première partie : Suède, Paris, Arthus Bertrand, 1848.

Skjöldebrand Anders Friedrik, Voyage pittoresque au cap Nord, Stockholm, Charles Delén et J. G. Forsgren, 1801-1802.

Sommier Stephen, Viaggio in Norvegia ed in Lapponia, Torino, G. Candeletti, 1881.

Sommier Stephen, Un’estate in Siberia: fra Ostiacchi, Samoiedi, Siriéni, Tatári, Kirghísi e Baskíri, Firenze, E. Loescher, 1885.

Sommier Stephen, Prima ascensione invernale al Capo Nord e ritorno attraverso la Lapponia e la Finlandia, Roma, Società Geografica Italiana, 1886.

Sommier Stephen, Un viaggio d’inverno in Lapponia. Lettere ai miei nipotini, Firenze, G. Barbera, 1887.

 

Ouvrages critiques

Boorstin Daniel J., The Image or What Happened to the American Dream, London, Weidenfeld-Nicolson, 1961.

Brevini Franco, La sfinge dei ghiacci, Milano, Hoepli, 2009.

Christophe Louis A., Abu Simbel. L’epopea di una scoperta archeologica, Torino, Einaudi, 1970.

de Anna Luigi G., « Una parola di origine scandinava: il termine “renna” e le sue varianti nella letteratura dei viaggi settentrionali », Atti del secondo convegno degli Italianisti in Finlandia, Helsinki, Publications du Département des Langues Romanes, n° 3, 1983, 93-118.

de Anna Luigi G., Il Mito del Nord. Tradizioni classiche e medievali, Napoli, Liguori Editore, 1994.

de Anna Luigi G., Lindgren Lauri, Peso Helena (dir.), Giuseppe Acerbi tra classicismo e restaurazione. Atti del convegno 31.5-2.6.1996 Seili, Finlandia, Turku, Turun Yliopisto, 1997.

de Anna Luigi G., Giuseppe Acerbi e la Finlandia, Turku, Turun Yliopisto, 2020.

De Caprio Vincenzo, Gualtierotti Piero (dir.), Giuseppe Acerbi, i Travels e la conoscenza della Finlandia in Italia, Manziana, Vecchiarelli, 2003.

Hester Nathalie, « An Unreasonable Journey? The Place of Europe and Italy in Francesco Negri’s Viaggio settentrionale », Reason and Its Others. Italy, Spain and the New World, dir. David R. Castillo, Massimo Lollini, Nashville, Vanderbilt UP, 2006, 101-122.

Marfé Luigi, Oltre la « fine dei viaggi ». I resoconti dell’altrove nella letteratura contemporanea, Firenze, Leo S. Olschki, 2009.

Nencioni Giuseppe, The Italians in the Artic Explorations, Umeå, Northern Studies Monographs, 2010.

Orlandini Alessandra, « Le premier Italien au cap Nord : le père Francesco Negri (1663-1666) », Figures du Nord. Scandinavie, Groenland et Sibérie. Perceptions et représentations des espaces septentrionaux du Moyen Âge au xviiie siècle, dir. Éric Schnakenbourg, Rennes, PUR, 2012, 35-52.

Orlandini Carcreff Alessandra, « Paolo Mantegazza e Stephen Sommier in Lapponia », Paolo Mantegazza. Dalle Americhe al Mediterraneo, dir. Giampaolo Atzei, Alessandra G. Orlandini Carcreff, Tania Manca, Monaco, LiberFaber, 2014, 77-88.

Orlandini Carcreff Alessandra, Au pays des vendeurs de vent. Voyager en Laponie et en Finlande du xve au xixe siècle, Aix-en-Provence, PUP, coll. « Textuelles », 2017.

Scheffer Johannes, Histoire de la Laponie, sa description, l’origine, les mœurs, la manière de vivre de ses Habitans, leur Religion, leur Magie, & les choses rares du Païs, Paris, Olivier de Varennes, 1678.

Wis Roberto, « Francesco Negri, voyageur italien du xviie siècle en Laponie et au Cap Nord », Terra boreale, Porvoo-Helsinki, WSOY, 1969, 17-57.

Auteur

Alessandra Orlandini-Carcreff est docteur de recherche en Littérature française et comparée de Sorbonne Université. Spécialiste de la littérature de voyage, elle a édité une trentaine de publications (essais et articles) sur le voyage dans les pays de l’Europe du Nord (Laponie et Finlande en particulier), à partir du XVe siècle jusqu’à la fin du xixe siècle. Ses recherches se tournent également vers la culture traditionnelle finno-ougrienne, la mythologie et les épopées nordiques. Parmi ses derniers ouvrages, elle a publié l’édition critique du Voyage d’une femme au Spitzberg de Léonie d’Aunet (Presses universitaires de Provence, 2022), Chants du chamanisme boréal (LiberFaber, 2022), Chamanismes (LiberFaber, 2019) et Au pays des vendeurs de vent. Voyager en Laponie et en Finlande. XVe - XIXe siècle (Presses universitaires de Provence, 2017).

Alessandra Orlandini-Carcreff holds a PhD in French and Comparative Literature at Sorbonne University. She is a specialist in travel literature and she has edited some thirty publications (essays and articles) on travel in the countries of Northern Europe (Lapland and Finland in particular), from the 15th century to the end of the 19th century. Her research also turns to traditional Finno-Ugric culture, Nordic mythology and epics. Among her latest works, she has published the critical edition of Voyage d’une femme au Spitzberg by Léonie d’Aunet (Presses universitaires de Provence, 2022), Chants du chamanisme boréal (LiberFaber, 2022), Chamanismes (LiberFaber, 2019) and Au pays des vendeurs de vent. Voyager en Laponie et en Finlande. XVe - XIXe siècle (Presses universitaires de Provence, 2017).

Pour citer cet article

Alessandra Orlandini-Carcreff, Voyages et récits italiens en Laponie et Finlande au XIXe siècle, ©2023 Quaderna, mis en ligne le 31 octobre 2023, url permanente : https://quaderna.org/6/voyages-et-recits-italiens-en-laponie-et-finlande-au-xixe-siecle/

Voyages et récits italiens en Laponie et Finlande au XIXe siècle
Alessandra Orlandini-Carcreff

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